Marseille sortie de la mer , avec ses poissons de roche , ses coquillages et l’iode , Et ses mâts en pleine ville qui disputent les passants , Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d’eau marine , Le beau rendez-vous de vivants qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel , Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes de maintenant avec leurs yeux de phosphore , Leurs verres , leurs tasses , leurs seaux à glace et leurs alcools , Et cela fait un bruit de pieds et de chaises frétillantes. Ici le soleil pense tout haut , c’est une grande lumière qui se mêle à la conversation , Et réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne , Il prend les nouveaux venus à partie , les bouscule un peu dans la rue , Et les pousse sans un mot du côté des jolies filles . Et la lune est un singe échappé au baluchon d’un marin Qui vous regarde à travers les barreaux légers de la nuit . Marseille , écoute-moi , je t’en prie , sois attentive , Je voudrais te prendre dans un coin , te parler avec douceur , Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu O toi toujours en partance Et qui ne peut t’en aller , A cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer.
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